
Anna Majidson est une de ses voix rares sur la nouvelle scène française et internationale.
Échappée de l’excellent duo Haute qu’elle formait avec le producteur Blasé (ou Romain Hainaut à la ville), la chanteuse et productrice trace la voie, depuis 2020, d’un projet musical unique, teinté de références pointues. Leur Colors Session à obtenu plus de 30 millions de vues.
En seulement trois EPs (Mixtape Telecom, La rivière et Ménagerie de Glass), elle a su prouver qu’elle maîtrisait les codes de son époque, tout en apportant au paysage musical français sa propre patte, marquée tantôt par son usage de la mandoline, tantôt par l’écriture de textes aussi poétiques qu’accrocheurs.
En seulement trois ans, elle multiplie par ailleurs les collaborations, en France avec le rappeur nelick, le chanteur Moodoïd ou la musicienne November Ultra, comme à l’étranger avec Seu Jorge ou encore Macy Gray.

Aujourd’hui, Anna Majidson revient avec Pomona, un quatrième EP comme une promesse.
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Celle d’une confirmation de son identité artistique, à travers la découverte du mythe de Pomona. Tout débute dans les galeries du Tate Museum de Londres, au cœur d’une exposition consacrée aux peintres préraphaélites. Là, elle croise la route d’un certain Dante Gabriel Rossetti, qui peint en 1864 Monna Pomona – une représentation de la déesse romaine des arbres fruitiers, des jardins et des vergers. Le coup de foudre est immédiat, pour celle qui a grandi en Californie, non loin de la ville de Pomona (qui, sans surprise, tient son nom de la nymphe). Très vite, Anna Majidson se plaît à envisager Pomona comme sa propre déesse personnelle, dressant une ligne parallèle entre l’artiste créant son art, et la divinité travaillant à la floraison de ses fruits. Lui viennent alors plusieurs textes et mélodies liées à une vie pastorale qu’elle embrasse volontiers, alors installée loin du tumulte parisien qui l’a bercée pendant près de dix ans.

Après La Ménagerie de Glass, un EP né dans l’urgence, en quatre mois à peine, Anna Majidson veut prendre son temps. Avant d’arriver au cinq titres qui forment Pomona, ce sont des dizaines de morceaux qui l’occupent et qu’elle élabore en compagnie de son réalisateur et bras droit musical, Simon Gaspard, pendant une année entière. À deux, ils poussent les curseurs du perfectionnisme, imaginent de multiples versions pour chaque chanson, jusqu’à toucher du doigt la forme exacte qu’ils souhaitent donner aux fruits de leur labeur. En résulte un projet poli comme un diamant, où aucune place n’est laissée au hasard. En cela, Pomonaest un disque pluriel, où chaque chanson possède son univers propre. Oscillant entre les accents R’n’B auxquels Anna Majidson nous a d’ores et déjà habitués (“Rose Épine” et son piano séduisant ou “Sable”, morceau déchirant de rupture amoureuse) et une pop plus franche, à la lisière de l’hyperpop (“Pomona” ou “Be Alone”), l’EP tire ses inspirations d’une tradition française des musiques électroniques, héritée de noms tels que Air, Sébastien Tellier ou encore Charlotte Gainsbourg. Un ton feutré donc, qui n’empêche pas à Pomona de lorgner vers des rivages plus anglo-saxons, à l’image d’une Sade ou d’une Kate Bush – deux idoles d’Anna Majidson. En cela, l’artiste sait doser les productions afin de laisser une place décisive à sa voix, qui, fragile, semble toujours sur le point de se briser. Un effet presque ASMR qui pourrait devenir la marque de la chanteuse, tant celle-ci le déploie au fil de ses différents projets.
Vraie réflexion sur le statut d’artiste, comparé à un être cultivant son jardin, Pomona est un écrin d’une douceur peu commune, comme la synthèse de ce qu’Anna Majidson a pu produire de meilleur au cours des dernières années. À la fois tendre, vaporeux et poétique, il est une invitation à se recueillir au plus profond de soi, comme pour atteindre un apaisement total.




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